Indéfectible Amour …
3ème
et dernière partie
Dimanche, il va rendre visite à son épouse, la
laissant seule.
Elle comprend mais ressent un petit pincement au
cœur quand elle l’imagine lui donnant un baiser. La
visite ne dure que 3 heures mais pour elle c’est une
éternité.
Il lui téléphone de son bureau en soirée car il ne
veut pas que les enfants sachent ce qui se passe.
Et voilà que les cachettes commencent. Elle doit
maintenant aller le rencontrer ailleurs de peur que
sa famille n’apprenne son aventure.
Ils vont parfois à la montagne. Ils admirent
l’immensité du paysage qui s’offre à eux et tout
doucement, il lui embrasse le cou et elle lui offre
ses lèvres pour la première fois.
Le lendemain, tôt le matin, on sonne à la porte et
deux livreurs apportent une boîte contenant un
magnifique téléviseur qu’elle n’a pas commandé.
Puis, c’est un radio stéréo, combiné qui comprend
aussi le tourne disque 33 et 45 tours.
Elle ose l’appeler à son bureau pour protester mais
il dit en riant que c’est compris dans le prix de la
location. On ne l’a jamais gâtée de la sorte, elle
croit rêver.
En effet, c’est un rêve qui pourrait tourner au
cauchemar si elle se laisse prendre au jeu.
Il l’appelle de son bureau en matinée avant qu’elle
ne parte à la chasse à l’emploi, et lui dit qu’il se
meurt d’ennui, qu’il veut absolument la voir ce soir
après son travail car il a des choses importantes à
lui dire.
Quand il va la chercher à minuit, il démarre en
trombe. Elle le sent nerveux, lui qui est toujours
d’un calme imperturbable. Il s’écarte du trajet
habituel et s’engage dans le chemin qui mène au Mont
Royal. Arrivés au point de vue, il lui dit que les
médecins ont décidé de laisser son épouse sortir en
fin de semaine afin de voir si elle aurait une
réaction quelconque en retrouvant son domicile. Il
est ému au plus haut point et essaie de lui
expliquer, à sa façon, son état d’âme et lui dit :
« Je suis partagé entre l’espoir qu’elle se
rétablisse et la peur de te perdre. »
« Je te veux rien qu’à moi ...! »
« Je ne pourrai pas te voir avant dimanche soir
après l’avoir reconduite à l’hôpital. »
« J’ai peur…Oui, pour la première fois, j’ai peur de
l’avenir. »
« Si tu savais comme je suis tenaillé par la peur de
te perdre. »
Elle lui répond qu’il n’a rien à craindre étant
donné qu’il ne s’est jamais rien passé entre eux.
Il n’a pas à se sentir coupable de quoi que ce soit
sinon d’avoir essayé d’oublier sa peine et
de combler sa solitude.
De retour chez elle, elle a le cœur lourd et voit le
bonheur lui filer entre les doigts, mais elle
acceptera la décision du destin, si cruel soit-il.
Dimanche soir, il frappe à la porte sans l’avoir
prévenue de son arrivée.
Il est bouleversé, elle lui offre un café et il
raconte que rien ne s’est passé durant cette fin de
semaine où toute la famille avait espéré un miracle.
Elle a couché dans leur chambre et quand il est allé
la retrouver, elle lui a demandé qui il était et ce
qu’il voulait.
Il en avait été soulagé car il n’avait nulle envie
de faire des prouesses amoureuses dit-il à sa grande
honte. Il a dû coucher dans la chambre d’amis, ce
que les enfants n’ont pas compris.
Elle vouvoyait ses enfants et se présentait à eux en
donnant son prénom qu’elle connaissait car on le lui
avait dit et répété depuis des années à l’hôpital.
Bref, l’expérience a été un fiasco. Mais les
médecins veulent qu’elle retourne à la maison aux 15
jours pour quelque temps, et enfin chaque semaine
par la suite. Il veut tout tenter pour qu’elle
retrouve sa raison mais ne sait quoi faire pour
l’aider.
Il a les yeux remplis de larmes, qu’il tente en vain
de dissimuler. Elle se sent impuissante devant ce
désespoir. Elle s’approche de lui et prend sa tête
qu’elle serre contre son cœur en lissant ses cheveux
d’une main caressante. Il ne peut résister et se
lève pour l’enlacer. La longue étreinte qui suit
prouve à quel point il est attaché à elle. Il
l’embrasse encore et encore, de plus en plus
passionnément. Plus rien d’autre n’existe. Elle
connaît l’ivresse d’être aimée à la folie. Ils sont
seuls au monde. Il passe la nuit auprès d’elle, la
serrant contre lui et parfois il se soulève sur un
coude pour la regarder dormir.
Il n’a pas à s’inquiéter de la maison. Depuis les
premiers signes de la maladie de sa femme il a
engagé une personne à temps plein. Les enfants sont
en sécurité.
Il repart vers 5 heure du matin sans faire de bruit
pour ne pas alerter les autres locataires et
compromettre leur idylle de conte de fée.
Dans les jours qui suivirent, il fut convenu qu’ils
se rencontreraient désormais dans un Motel, jamais
le même afin d’éviter les rencontres indésirables.
Au travail elle était distraite et ne pensait qu’à
lui.
Un jour elle reçoit une réponse favorable à une
application faite dans un bureau de la rue
Sherbrooke. On lui demande de prendre son poste le
lundi suivant. Elle a tout de suite senti que son
avenir était enfin assuré, et que la chance allait
tourner en sa faveur.
À l’hôpital, on lui demanda d’assurer encore
quelques fins de semaines en attendant qu’on lui
trouve une remplaçante.
Cela de pose aucun problème vu que l’épouse a
recommencé ses sorties, lesquelles se révèlent être
un échec. Tous ces échecs l’obligent quasiment à
ramasser son ami à la petite cuillère quand il vient
la chercher le dimanche soir. Elle se pose de
nombreuses questions à son sujet.
Que fera-t-il quand elle retrouvera la mémoire ?
Un soir, alors qu’ils ont soupé dans la chambre d’un
Motel, il lui dit :
« Tu sais, je t’aime à en mourir mais je ne veux
faire aucun mal à ma femme. En fait, je suis
douloureusement partagé entre deux amours bien
différents. »
« Pour toi, j’ai un amour passionné et je ne peux
que souhaiter que tu ne te lasses pas de m’attendre.
Je suis constamment déchiré mais je t’aimerai
toujours. »
« J’ai décidé de t’offrir cette bague, pour te
prouver mon attachement et ma fidélité. Ne proteste
pas ! Tu as éclairé ma vie au moment où je me
sentais sombrer dans le désespoir. »
« Si tu savais comme je t’aime, dit-il en la serrant
dans ses bras. »
« En somme, nous sommes fiancés sans l’être
dit-elle. Mais ça ne fait rien, puisque je t’aime
aussi de tout mon être. »
« Merci de m’avoir offert ce gage de ton amour. »
Les semaines s’écoulaient et ils étaient de plus en
plus épris l’un de l’autre.
Les sorties de madame ne donnaient aucun espoir
jusqu’au jour où …
Lors d’une fin de semaine particulièrement chaude,
où toute la famille était réunie pour un
Barbecue. Ils devaient manger vers 18hres, et il y
avait de nombreux baigneurs dans la piscine.
On avait emmené la malade en chaise roulante sur le
patio, en prenant soin de l’installer à l’ombre d’un
arbre. Il y avait beaucoup de va et vient pour la
préparation du repas. On entrait et sortait pour se
laver les mains, on dressait les couverts, on
passait les aliments ...Quand soudain, la chaise
roulante bascule dans la piscine et la malade se met
à nager de toute la force de ses bras pour attraper
un enfant qui avait coulé à pic sans que personne ne
l’ait vu.
Elle lui maintient la tête hors de l’eau jusqu’à
l’arrivée du secours. Quelqu’un s’occupe de réanimer
l’enfant sauvé par sa grand’mère pendant que
d’autres s’occupent de ramener celle-ci en sécurité.
Tout le monde riait et pleurait à la fois. La malade
avait suivi des cours de sauveteur autrefois, et
avait réussi à flotter sur le dos pour ne pas couler
vu la paralysie de ses jambes. On l’essuie, on
l’embrasse, on l’installe dans son fauteuil roulant,
et elle dit à son mari : « Dis donc, tu as pris un
coup de vieux ces jours derniers, tu travailles
trop, il va falloir songer à ralentir …»
Tous restent bouche bée.
Elle mêle les noms de ses enfants et ne sait pas qui
est ce petit garçon de 3 ans à peine. On lui dit
qu’elle a eu un accident et que tout va bien
maintenant. Et graduellement on lui fait comprendre
que ce petit est le fils de son garçon, qu’elle a
aussi une petite fille qui est la fille de sa fille
aînée. Elle va de surprise en surprise et pleure
maintenant car elle sent qu’elle a manqué beaucoup
de choses depuis ces quelques années passées en
psychiatrie. Tous mangent comme des ogres et on
veille assez tard. Mais elle doit retourner à
l’hôpital pour que les médecins puissent évaluer son
état et établir un plan de traitement.
Après l’avoir déposée à l’hôpital, il se précipite
chez son amour et dès son arrivée, l’embrasse
longuement pour éviter de parler afin de ne pas
l’inquiéter. Elle sent que quelque chose se passe et
attend patiemment qu’il lui raconte sa fin de
semaine comme il le fait toujours.
Il se contente de la serrer contre lui et de lui
murmurer : « Je t’aime »
Elle finit par s’informer de l’état de la malade et
il éclate en sanglots en disant :
« Je ne veux pas te perdre ...»
Elle sait alors qu’il s’est passé quelque chose de
grave pour le mettre dans un pareil état et il
raconte le miracle survenu. Elle est heureuse pour
eux, mais elle sait que désormais tout est fini.
Elle se dégage de son étreinte et lui dit qu’ils
doivent cesser de se voir immédiatement car les
choses sont différentes à présent.
« On doit donner la chance à ta femme de se remettre
à vivre avec toi, n’insiste pas, je serai
intraitable…Plus tard, beaucoup plus tard, on verra
…Je ne t’oublierai jamais, toi qui m’a redonné
confiance en la vie et en moi-même … »
Elle se dirige vers la porte, attendant qu’il parte.
Mais arrivé près d’elle, il la prend dans ses bras
et l’étreint farouchement et lui dit qu’il veut se
souvenir de la chaleur de son corps aussi longtemps
qu’il vivra.
Après son départ, elle pleure toutes les larmes de
son corps et finit par s’endormir d’un sommeil
entrecoupé de cauchemars.
Le lendemain, il pleuvait à torrent. Ses larmes se
mêlaient à la pluie qui coulait sur son visage.
En s’en allant travailler, elle pensait qu’elle
n’avait plus le goût de vivre. Tous ses rêves
s’étaient envolés en fumée une fois de plus.
Il a bien essayé de lui téléphoner à plusieurs
reprises mais elle refusait toujours ses
invitations.
Elle n’a jamais refait sa vie. S’il vit encore, il
doit avoir 92 ans. Elle a toujours suivi la rubrique
nécrologique du journal, et jamais ...jamais elle
n’a vu paraître son nom. Elle garde encore espoir
…Qui sait ...?
Si vous me lisez ...Si vous êtes le monsieur qui a
vécu cet impossible amour, écrivez-moi à cette
adresse : gaby@papy16.net
Donnez-moi vos coordonnées. Je m’empresserai de lui
transmettre votre message. Elle est déménagée depuis
tout ce temps, et vous aussi sans doute …
Votre amie …
Qui vous réserve des surprises …
Merci Papy16 de nous porter bonheur !
Page * 1
* 2
* 3 * |