La tempête 2ème partie...
Vers 3 heures, la neige cesse de tomber et en
attendant les déblayeurs,
les hommes sortent leurs pelles du coffre arrière de
chaque voiture et se mettent à l’ouvrage afin de
pouvoir sortir du stationnement quand les
machineries lourdes de la ville seront passées…
Ce n’est que vers 5 heures du matin que tous peuvent
rentrer chacun chez-soi…
Arrivés à la maison, Aline invite son compagnon à
prendre un café chaud avec sa mère qui doit
certainement les attendre…
Ils secouent leurs bottes couvertes de neige afin de
ne pas mouiller le plancher…
Les présentations faites, Bernard dit qu’il va
déblayer les marches qui sont rondes de neige…
Il s’exécute rapidement, puis va enfin prendre ce
café savoureux en pensant qu’il bénit cette tempête
qui lui a permis de garder Aline plus longtemps
auprès de lui…
Soudain grand-mère se lève pour aller au petit coin
et comme elle entend des voix, elle passe à la
cuisine et entrevoit Bernard…
Elle n’y comprend rien et retourne au lit sans mot
dire…
Ils trouvent l’incident coquasse, croyant qu’elle ne
se souviendrait même pas de l’avoir vu à son réveil…
Tout en jasant de choses et d’autres, maman Hélène
en apprend davantage sur les occupations de Bernard
qui n’a rien à cacher…
Il travaille chez General Motors depuis 8 ans…
Vous savez, j’aurai bientôt 32 ans…
Et vos parents demeurent à Montréal?
Non, mes parents adoptifs sont tous deux décédés
dans un accident de la route il y a maintenant 6
ans…
Mais j’ai eu des parents formidables et j’en rends
grâce à Dieu…
Bon, je vais aller dormir un peu puisque je vais à
la messe de 11 heures à la paroisse St-Barthélémy,
je vous remercie de votre accueil en espérant que
nos prochaines rencontres seront plus calmes…
À bientôt Aline, je te téléphone cet après midi…
Après son départ, la mère dit à sa fille de pendre
garde à elle car cet homme est beaucoup plus vieux
qu’elle…
Tu sais, Aline, tu n’as que 24 ans et je trouve la
différence d’âge énorme…
De plus, cet homme a du vécu derrière lui, il est
peut-être marie et je ne voudrais pas que tu
souffres après t’être emmourachée de lui…
De plus, il a été adopté et on ne sait pas
grand-chose de lui…
Là-dessus on va dormir un peu car les femmes ont
décidé d’aller à la même messe puisque c’est leur
paroisse…
Elles dorment quelques heures, puis se préparent à
partir avec grand-mère sans manger, pressées par le
temps…
À l’église elles ne voient pas Bernard, il ne s’est
peut-être pas réveillé à temps se disent-elles…
Pendant la messe, la chorale chante les cantiques
qu’ils ont l’habitude de chanter mais soudain, une
voix entonne le :
« Panis Angelicus »…
Toutes les têtes se tournent vers le jubé de l’orgue
pour voir qui chante…
C’est Bernard qui exécute de façon magistrale ce
cantique connu du monde entier…
Quelle surprise!
Grand-mère commence à l’aimer!!!
Après la messe, Bernard vient les rejoindre pour les
inviter à déjeuner ou diner à un petit resto
sympathique du quartier…
La mère d’Aline décline l’invitation car elle craint
qu’il devienne trop présent dans leur vie…
Mais comme Bernard lui dit qu’il a déjà réservé une
table, elle doit accepter...
Le repas se passe bien malgré l’air inquiet d’Hélène
mais elle ne manque pas de le féliciter pour son
interprétation du Panis Angelicus…
Vous savez dit-il, quand on met son cœur à faire ce
qu’on aime, on se dépassa…
Mon père était un grand musicien et m’a appris tout
ce que je sais…
Ces moments de complicité sont gravés dans mon cœur
à tout jamais.
Après avoir mangé il leur propose d’aller au cinéma
mais Hélène refuse
pour les laisser y aller seuls.
Il les reconduit à la maison, la neige a repris de
plus belle…
Ils se regardent et éclatent de rire de bon cœur.
Il reviendra prendre Aline un peu plus tard pour
l’accompagner au cinéma.
Le film est tellement passionnant qu’ils ne voient
pas le temps passer.
De temps à autre Bernard frôle le genou d’Aline qui
frissonne de plaisir…
Grand-maman s’est retirée dans ses appartements et
doit tricoter…
Pendant ce temps, Hélène décide de faire la sieste
car la nuit a été éprouvante…
Aussitôt couchée, les yeux au plafond, elle ressasse
ses souvenirs et les larmes coulent sur l’oreiller…
Elle revoit sa petite fille morte à la naissance à
la crèche de la Miséricorde…
En effet, à l’âge de 16 ans elle avait eu un bébé
hors mariage et comme elle demeurait à la campagne,
ses parents l’avaient envoyée à Montréal pour donner
naissance à son bébé et lui avaient recommandé de
signer les papiers
consentant à donner son bébé pour adoption…
Si tu reviens ici avec ton bébé, tu seras la risée
du village et la honte retombera sur la famille…
À la crèche, elle a refusé de signer ce papier pour
abandonner son bébé en se disant qu’après sa
naissance elle resterait à Montréal et travaillerait
pour élever son enfant…
Les règlements chez les sœurs étaient très rigoureux
et elle devait travailler pour payer son séjour et
l’accouchement…
Toutes les filles lavaient le linge et les
planchers…
Les religieuses disaient qu’elles devaient payer
pour leur péché...
Le bébé est mort à la naissance…
Une belle petite fille toute rose qu’on lui a permis
d’embrasser en la serrant dans ses bras…
Profitant de la distraction de la religieuse, elle a
soudain trempé le pouce dans son verre d’eau et a
tracé une croix sur le front de sa petite fille en
disant :
Je te baptise « Marie-Hélène »
Au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit puis,
elle l’embrassa tendrement en lui disant :
Dors mon petit ange, tu auras été avec ta maman
jusqu’à ton dernier souffle…
Puis, la sœur emporta le petit corps sans lui dire
comment et où elle serait enterrée…
Elle a pleuré, et son amie Carmen, qui devait
bientôt accoucher, tentait de la consoler sans
succès…
Quelques jours après avoir repris des forces elle a
dû quitter l’endroit en promettant à Carmen de lui
communiquer son adresse afin qu’elles continuent
cette relation d’amitié après que ce cauchemar sera
terminé.
Carmen a accouché le 8 juin 1928 d’un bébé qu’elle
avait abandonné
puisque ses parents l’avaient prévenue de ne pas
revenir à la maison avec son batard...
Après avoir trouvé un emploi comme serveuse dans un
restaurant, Hélène a téléphoné à Carmen pour lui
donner sa nouvelle adresse…
Elle avait aussi trouvé une chambre à louer près de
son travail…
Elles sont demeurées amies pour la vie mais avaient
promis de ne jamais reparler de ces événements…
Puis, elle a écrit à sa mère une lettre disant ceci
:
« Maman, ne sois pas inquiète. J’ai trouvé un
emploi, je suis en chambre chez une gentille dame,
mon bébé est mort à la naissance…
Elle s’appelait Marie-Hélène…
Ne pleure pas maman, je vais m’arranger maintenant
que j’ai un travail…
Je t’écrirai de nouveau bientôt...»
Son père n’a jamais voulu la revoir…
Après s’être mariée, son père est décédé quelques
années plus tard et son mari a décidé qu’elle devait
aller aux funérailles…
Plus tard, sa mère a vendu la terre et est venue
rester avec sa fille et son gendre…
C’était un homme de grand cœur ce Jérémie qui
adorait sa belle Hélène…
Ne pouvant dormir, elle appelle Carmen pour lui
raconter les derniers événements après quoi elle
prend un bain chaud afin d’être en forme pour faire
le souper.
Naturellement, le récit de Bernard l’avait
bouleversée et en quelques heures elle a revécu
cette étape cruelle de sa vie…
Au retour des amoureux, le souper était prêt…
Mais Bernard ne pouvait rester puisqu’il devait
aller porter à manger à un ami malade…
Heureusement car même si Hélène a bien essayé de
cacher ses yeux bouffis, il y a encore des traces
qu’elle n’a pu camoufler…
Comment expliquera-t-elle son visage tuméfié?
C’est ce que vous apprendrez en venant lire la suite
lors de la prochaine lettre de mise à jour de
Papy16…
Je vous attends avec des évènements surprenants…
Votre amie…
Votre Amie
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