La tempête 1ère partie...

Il n’a que son travail comme distraction, puis il rentre chaque soir à son petit appartement qu’il soigne comme un sou neuf au cas où il lui arriverait de la visite.
Mais jamais personne ne vient le voir.

Un soir, il s’habille chaudement pour aller prendre une marche…
Il fait plus froid qu’il ne le croyait et même s’il accélère le pas il commence à ressentir des picotements aux orteils…
Aucun restaurant où prendre un café dans les parages…

Il décide d’entrer à la salle paroissiale pour se réchauffer un peu...
Des gens âgés entre 60 et 80 ans jouent sérieusement aux cartes.
Il va repartir quant une jeune fille s’approche pour lui demander s’il veut se joindre à eux.
Non merci j’ai fait erreur, je vois que ces personnes sont d’un certain âge alors je vais me retirer…
Voyant qu’il a eu très froid, elle lui offre un café.
Il entame la conversation tout en buvant le breuvage brûlant.

Mais vous qui êtes si jeune que faites vous ici?

J’accompagne ma grand-mère qui est semi-voyante et je la ramènerai chez nous à la fermeture des activités, vers 21 heures…
On prend l’autobus 3 fois par semaine pour ces réunions qui lui procurent de la distraction…

Dans ce cas, je vais chercher ma voiture et vous reconduirai …
Je ne sais que faire ce soir et vous me rendrez service en acceptant…

D’accord dit-elle d’une voix hésitante mais je crains que grand-mère en soit contrariée…

Après son départ, elle pense rêveusement à ce bel homme dans la trentaine…

Étant en avance il attend à la porte tout en pensant à cette jolie demoiselle qui se dévoue pour sa grand-mère.
Ses cheveux blonds encadrent bien un visage au teint de pêche et ses yeux bleus illuminent un regard franc…

Voyons, voyons je m’emballe comme un gamin de 18 ans
J’ai pourtant eu de nombreuses aventures qui se sont toutes soldées par un échec lamentable et j’en suis toujours sorti meurtri…

Il revoit en pensée ses conquêtes passées et doit admettre qu’il n’a jamais été impressionné comme il l’a été ce soir…
Ce qu’il ressent toutefois ne peut se comparer avec ce qui l’attirait vers ses conquêtes faciles d’autrefois…

La porte du «Centre des loisirs » s’ouvre enfin et plusieurs personnes sortent prudemment
Les uns s’appuyant sur une canne, les autres se tenant bras dessus bras dessous…
Puis, c’est l’apparition tant attendue…
Il s’empresse d’ouvrir la portière de l’auto et la jeune fille s’assoit au milieu du siège alors que grand-mère occupe la place du bord…
Il faut dire que les sièges individuels n’existaient à peu près pas dans les années 60…

Les présentations sont faites mais grand-maman grogne un bonsoir à peine audible…
De toute évidence il ne lui plait pas.

Il conduit prudemment et lentement pour que dure le plaisir de sentir la jeune cuisse contre la sienne…
Arrivés à destination, grand-mère n’a pas dit un seul mot.
Il fait le tour de la voiture, ouvre la portière et tend la main à la vieille dame
puis à la jeune demoiselle qui le remercie en souriant.

Grand-maman lui dit tout de même qu’il est un excellent conducteur et monte les marches en appelant Aline avec impatience.

Bertrand a eu le temps de lui glisser un billet sur lequel il a inscrit son numéro de téléphone.

Puis il démarre en se promettant bien de la revoir…

Après s’être débarrassée de ses vêtements, Aline monte à sa chambre, curieuse de lire la note de Bertrand…
Elle se laisse tomber sur le lit et déplie le billet sur lequel il a écrit rapidement…

Un appel de ta part me ferait tellement plaisir et me permettrait de mieux dormir…
Je t’en prie, ne me fais pas passer une nuit blanche…
Appelle ton chevalier servant à ce numéro 000-0000
Bertrand

Elle fait sa toilette et attend que grand-mère soit couchée pour descendre au salon où se trouve le seul téléphone de la maison.

Elle prend le combiné et compose le numéro sur le cadran du téléphone…
Bertrand répond d’une voix posée, sachant qu’elle était au bout du fil…

Bonsoir jolie fée…
Elle rit nerveusement…
Vous savez, Bertrand, il n’est pas dans mes habitudes d’appeler les garçons comme ça mais je ne voulais pas être responsable d’une nuit blanche…
Il rit à son tour…
Il lui demande si elle accepterait de l’accompagner à un souper bénéfice pour
aider à l’orphelinat du quartier…
Ces jeunes ont besoin d’équipements de hockey et comme je suis bénévole pour différents organismes de ce genre j’ai acheté 2 billets pour ce souper qui aura lieu samedi soir…
Crois-tu que ta grand-mère te permettra de m’y accompagner?
Mais oui, elle est moins grognon que ce soir d’habitude, je te prie de l’excuser.
D’ailleurs, je vis aussi avec ma mère…
Alors, à samedi, prends note de mon numéro de téléphone et tu me diras à quelle heure tu viendras me chercher.
Bonne nuit et merci pour tout…
Elle a de la difficulté à s’endormir, se demandant quoi porter pour cette première sortie…
Elle se lève pour regarder dans le placard, puis décide que ce beau costume noir classique fera l’affaire si elle porte cette blouse bleue reçue en cadeau de sa tante Carmen pour son anniversaire…
Elle se recouche et sombre dans un bienfaisant sommeil…

Samedi lui semble bien loin, mais quand arrive le grand jour, sa mère est étonnée qu’elle porte des vêtements aussi chers pour une sortie aussi banale…
Bertrand est devant la maison à l’heure dite…
Aline descend les quelques marches enneigées et s’engouffre dans l’auto dont Bertrand ferme la portière, et les voilà partis…
Il neige abondamment mais ils sont bientôt rendus…
Les présentations faites, ils dégustent un savoureux repas qui est suivi de la danse sociale…
Bernard est un excellent danseur…
Enfin tout le monde est joyeux et personne n’a pensé que la neige aurait progressé de façon alarmante…
Au moment de partir, ils ne peuvent sortir du stationnement qui n’est pas déblayé…
Il est 23 heures et quelqu’un ouvre la radio de son auto pour écouter les nouvelles et la météo…
On y annonce que tout est bloqué, les routes et les rues, on demande aux auditeurs de ne pas sortir.
Aline appelle sa mère qui est hystérique, elle lui demande de prendre un taxi avec son ami disant que celui-ci pourra rester à coucher dans la chambre d’amis…
On verra maman, je te rappellerai plus tard…
Bernard tente d’avoir un taxi sans succès car ils ne peuvent circuler…
Il retourne dehors et les rafales le font renter bien vite…
Les organisateurs décident de continuer la fête en attendant que la ville mette les équipes de secours et les grosses charrues de déblayage à l’œuvre…
Aline rappelle sa mère pour la rassurer et promet d’être à la maison dès que possible…

Qu’arrivera-t-il à tous ces gens qui sont prisonniers de cette tempête comme seul le Québec sait les fabriquer?
C’est ce que vous saurez en venant lire la suite lors de la prochaine mise à jour de Papy16…
À bientôt!

Votre Amie


 

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