La commère du village 2 ème partie
En fait il s’agissait d’un homme respectable qui se rendait à des traitements de chimiothérapie à Sherbrooke où il avait rencontré une patiente qui subissait les mêmes traitements…
Sachant que ses moyens financiers étaient minimes, il lui avait offert
de la conduire dans sa voiture puisqu’il y allait quand même…
Il n’avait rien dit à son épouse de son état de santé afin de lui éviter des inquiétudes en se disant que si ça tournait mal pour lui, il serait toujours temps de le lui dire…
Comme les nouvelles circulent vite dans un petit village, elle lui demanda des explications…
Après quoi elle les accompagnait 5 jours par semaine pour faire cesser les commérages…
Quelques mois plus tard, la pauvre Thérèse est décédée après une semaine passée aux soins palliatifs de l’hôpital…
Robert s’en est tiré et quand la commère a vu l’avis de décès dans le journal, elle a eu honte de ses racontars…
Aux funérailles de Thérèse, Robert et son épouse étaient dans les premiers bancs…
Et Gilbert, en fut touché car il savait que Roger avait tenté d’aider
sa femme…
La commère était aussi aux funérailles car elle ne voulait rien manquer…
Puis tout redevint calme durant quelques mois…

Un soir, alors que son mari travaillait de nuit, on sonne à la porte du commerce qui était fermé…
Elle va voir de qui il s’agit et reconnaît le jeune fils du maire de la place…
Sans se méfier, elle lui ouvre la porte car il fait très froid dehors…
Que veux-tu dit-elle?
Des aspirines car la pharmacie est fermée à cette heure…
Elle va au comptoir après lui avoir sorti la boite d’aspirine…
Au moment de payer il saute pardessus le comptoir en disant :
J’ai entendu mon père dire à un ami que tu as la plus grosse poitrine qu’il ait jamais vue…
Laisse-moi la voir …
Dehors dit-elle en le maintenant aussi loin d’elle que possible, je vais appeler ton père…
Elle réussit à ouvrir la porte et le jette dehors violemment…
Il tombe en bas des marches de l’escalier et crie de douleur…
Ne sachant trop que faire, elle appelle le père en lui disant que son fils est blessé et lui demande de venir le chercher…
Quoi? Que fait-il dehors à minuit passé?
Il vous le dira lui-même, bonne nuit, je retourne me coucher…
Mais après avoir fermé la lumière elle reste à la porte et attend de voir le père arriver afin d’éviter que le garçon souffre d’engelures…
Elle a mal de le voir se tortiller de douleur…
La voiture arrive enfin et le père qui est très robuste transporte son grand garçon de 16 ans dans ses bras jusqu’à la voiture…
Après quoi il revient vers la porte du commerce où il somme violemment…
La commère qui s’était retirée pour ne pas être vue, allume la lumière
en baillant…
Elle ouvre la porte et dit : Oui, que désirez-vous?
Mon fils est dans l’auto que faisait-il ici?
Elle lui tend la boite d’aspirine en disant qu’il l’avait oubliée en partant…
Bonne nuit Monsieur le Maire…
Minute ma petite dame!!!
Votre escalier est glacé et vous allez avoir affaire à mon avocat
si mon fils est gravement blessé…
Comme le commerce est fermé je verrai à faire le nécessaire dès demain matin dit-elle pour rendre l’accès sécuritaire à moins que je vous donne les outils nécessaires et que vous vous en chargiez?
Oh! Dit le maire, vous êtes une effrontée, jamais je ne ferais une tâche aussi basse…
On se reverra en cour madame…
D’accord Monsieur, mais avant, vous devriez demander à votre fils ce qui est vraiment arrivé sinon tout le village saura la vérité…
Bonne nuit et j’espère pouvoir dormir maintenant…
Donnez-moi de ses nouvelles demain s’il vous plait…

C’est que la commère avait déjà fait affaire avec des avocats chevronnés dans le passé lorsque sa belle-sœur l’avait trainée en cour pour une chicane de clôture…
Leurs maisons étaient collées l’une à côté de l’autre et elles partageaient un immense terrain qu’elles ensemençaient chaque année mais ce printemps là, la Commère avait empiété sur le terrain voisin en semant une allée de tomates de trop…
Gertrude, sa belle-sœur, folle de colère l’avait trainée en cour pour qu’elle fasse clôturer à ses frais après avoir fait arpenter les terrains…
Lors de l’arpentage, il s’avéra que Gertrude avait moins de terrain
qu’elle pensait…
Le juge a rendu sa sentence rapidement en traitant cette affaire d’enfantillage et Gertrude a perdu sa case avec comme résultat qu’elles ne se sont plus jamais reparlées…

Les passants les voyaient durant l’été se bercer sur leur balcon en se tournant un peu le dos…Elles ne se sont jamais plus adressé la parole, même quand l’époux de la commère est décédé…
Il n’y eût jamais eu de réconciliation…

Mais la commère a eu, elle aussi ses épreuves…
C’est ce que vous apprendrez lors de mon prochain épisode…
Si vous venez me lire, naturellement…
À bientôt…

 
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