SOS Noël…
Je viens de sortir de l’hôpital, il fait très froid et toutes les routes sont glacées…
Je suis bien au chaud chez-moi dans mon petit appartement…
J’ai décidé de ne pas aller au réveillon de Noël à cause des dangers de la route et des escaliers à monter…
Cette hanche me donne encore quelques problèmes, je continue à faire de la physiothérapie chez-moi…
La famille a bien compris…
À l’époque, mes écrits paraissaient dans un site canadien dont la Webmaster était devenue une amie…
Cette dame au grand cœur passait toutes les nuits de Noël devant l’écran de son ordinateur à répondre à des gens qui lui racontaient leur peine d’être seul…
Elle répondait à tous malgré le volume important de courriels reçus…

Me sachant seule, il me demande de l’aider et elle me transfère plusieurs âmes en peine…

Soudain, une femme me raconte son désespoir d’être abandonnée de ses enfants malgré les cadeaux qui restent sous l’arbre de Noël…
Elle dit que la vie ne vaut plus la peine d’être vécue puisqu’elle n’est plus utile à personne maintenant qu’elle est vieille et malade…

Je sens qu’il faut faire quelques chose et vite…

Dans ma réponse, je lui dis que j’aide une amie qui demeure près de Victoriaville mais que je demeure à Drummondville…
Je lui dis que si j’étais près d’elle j’irais prendre un café avec elle…

Comment, tu demeures dans la même ville que moi dit-elle…

Le ton de son message a déjà changé…
Ouf! Je crois que je vais réussir à la convaincre de renoncer à poser un geste irréparable…
Gaby : Donne- moi ton adresse et j’arrive…
X : Non c’est trop glissant ce serait dangereux de tomber…
Et puis je reste dans un gros édifice au 3e étage, ce serait trop difficile pour toi…
Gaby : Mais non, je demeure rue Marchand près du boulevard Lemire…
Je prendrai un taxi par prudence…
X : Quoi? Tu restes dans un des 5 blocks de la rue Marchand?
Elle est tout énervée et dit mais tu n’as pas besoin de taxi puisque moi aussi j’y habite!!!
Gaby : Alors, dis-moi où tu es et ton numéro d’appartement et j’arrive…
Tu dois me débarrer la porte…
Ne t’inquiète pas, j’ai de bons vêtements chauds et des grappins à mes bottes et une canne munie d’un pic qui m’empêche de glisser…
Bon, je suis prête...
Si tu regardes par ta fenêtre, tu me verras peut-être sortir de
chez moi car c’est le seul balcon où il y a une lampe allumée…

X : Non, écrit-elle, je veux rester seule pour le moment…
Pas question que je tombe dans ton piège pour me sauver…
Ça fait trop longtemps que j’y pense vois-tu…
Pas question de reculer maintenant…

Gaby : Dis-moi ton nom…
?? Pour que tu m’envoies la police?
Gaby : Non, parce que j’ai besoin d’une amie…
Je suis seule moi aussi…

X : Non, pas question que tu viennes, je vois ta lampe de ma fenêtre et maintenant je sais qui tu es…
Tiens, je prends quelques pilules à ta santé…
Je prends le reste de la bouteille juste avant de te quitter…
J’aurai au moins pu jaser avec une amie sincère avant de partir…

Gaby : Attends, on peut jaser encore un peu?

Ce dernier courriel reste sans réponse…
Soudain, j’ai froid…
J’ai très froid…

Je demeure à l’ordinateur espérant qu’elle continue à m’écrire…
Je regarde l’édifice d’en face souhaitant voir une lumière à une fenêtre…
Rien, toujours rien…
Il est maintenant 5 heures du matin, il a neigé pardessus cette glace dangereuse…
Les gens commencent à revenir après le réveillon…
J’entends des Joyeux Noël dans le corridor…

Je ne peux pas aller me coucher tellement je suis peinée d’avoir échoué…

Vers 8 heures, une ambulance est stationnée à la porte principale d’en face…
Puis les policiers arrivent…

Pas moyen de savoir pour qui ils sont là…
J’attends qu’ils viennent m’interroger car ils verront certainement nos échanges de courriels…
C’est facile pour eux d’avoir mon adresse par mon serveur…
Mais non…
Ils ne viennent pas…
J’essaie de dormir un peu, recroquevillée dans mon fauteuil…
Rien à faire…

De longues semaines s’écoulent…
Pendant ce temps je fais ma physiothérapie à domicile selon ce que l’on m’a enseigné à l’hôpital…
Il fait très froid cet hiver …
Puis avec le printemps, mes amies reviennent de la Floride…
La vie reprend son cours…

Un matin, on frappe à ma porte…
C’est justement mon amie qui demeure dans l’édifice d’en face qui vient aux nouvelles concernant mon accident…
Elle a tout de même été partie depuis novembre…
Après avoir défait ses bagages. Elle est allée visiter quelques voisines qui l’ont mise au courant des derniers événements survenus en son absence…
Elle m’a dit qu’un voisin est décédé d’une crise cardiaque durant la nuit de Noël…
Mine de rien, je lui demande s’il possédait un ordinateur…
Pas que je sache dit-elle…
Il y a eu quelques déménagements dont une pauvre femme qui a été admise dans une maison pour retraités…
On ne la visitait jamais et elle était vraiment malheureuse…
On m’a dit que tous ses enfants l’ont placée à St-Hyacinthe vu qu’ils y demeurent…
Ce sera sans doute plus facile de veiller sur elle…
Elle n’avait que son ordinateur pour lui tenir compagnie…
Une idée m’est venue à l’esprit rapide comme l’ éclair…

Et si c’était elle mon inconnue de la nuit de Noël…
C’est pourquoi j’ai décidé d’écrire cet événement…
Depuis cette nuit là, j’ai changé d’adresse courriel et elle n’a pu me joindre…

Peut-être que tu me lis toi qui as vécu cette nuit de Noël 2006?
Écris moi je t’en prie…
Je serai heureuse de savoir que tu es toujours là…

Oui, et notes bien mon adresse personnelle…
gaby32@cgocable.ca

Je ne t’ai jamais oubliée et je te redis que j’ai besoin d’une amie…
Sois assurée que je n’ai rien dit dans l’entourage de ce qui s’est passé cette nuit là…
C’est notre secret…
Personne ne sait de qui il s’agit, sois assurée de ma discrétion…
Et puis je ne sais même pas ton prénom…

Mes amis (es), j’espère qu’enfin j’aurai des nouvelles…
Ça fait si longtemps…
Merci d’être avec moi et à bientôt…
Votre amie…

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