Le secret d’ Emma …4ème partie

Vers 2 heures du matin nous sommes retournés vers nos chambres respectives et au moment de me quitter à ma porte il m’a seulement dit :
Merci pour cette magnifique soirée…
Je ne sais pas si je te reverrai demain car je vais tenter d’échanger le rendez-vous que j’avais à Vancouver pour faire celui de Montréal et après, probablement que je pourrai prendre le train si tout est dégagé…
Mais nous nous reverrons un jour c’est certain dit-il en me baisant la main…

J’avoue que j’avais espéré qu’ il me prenne pas dans ses bras robustes pour m’embrasser fougueusement…
J’éprouvais pour la première fois une vraie attirance vers un homme …

À mon réveil, comme il ne répondait pas au téléphone de sa chambre, la réceptionniste me dit qu’il a pris congé et a remis la clef de sa chambre mais il a laissé une lettre pour vous…
Je vous l’envoie par le messager?
Oui s’il vous plait mademoiselle…

Le messager est là en un rien de temps…
Assise sur mon lit, j’ouvre nerveusement l’enveloppe pour y lire :

Ma chère Emma.
J’essaie de faire vite pour rattraper un peu de temps sur mon horaire…
J’ai apprécié chaque seconde passée avec toi…
Ton visage s’est incrusté dans ma mémoire comme un beau jour d’été…
Ne sois pas triste car je suis certain que nous nous reverrons bientôt…
Je te promets de t’écrire dès que je serai rendu à Vancouver…
Je te serre tout contre moi en pensée…
Chose que je n’ai pas osé faire hier soir de peur de t’effrayer…
Je penserai à toi tous les jours …
À bientôt…
Gontran

Je me suis étendue quelques minutes sur le lit pour lire et relire cette missive qui me fait chaud au cœur et m’effraye aussi …

Puis je me suis secouée, me fais une toilette rapide après quoi je me suis habillée pour aller déjeuner avant d’aller dans les magasins pour passer le temps…
La neige avait cessé durant la nuit mais les trottoirs étaient impraticables…
Je suis allée à la gare Centrale avec tous mes colis et j’ai loué un casier pour la journée…
En passant près du guichet de l’information j’ai demandé si le train de 19 heures partirait à temps…
Probablement me dit la préposée mais il vaudrait mieux vous informer en fin d’après midi…
J’ai visité quelques boutiques à la recherche d’une petite bourse pour le bal du Manoir, le plus grand hôtel de Drummondville à l’époque…
J’ai diné dans un petit restaurant puis j’ai trouvé un téléphone payant et j’ai appelé ma tante qui aurait bien voulu que j’aille la voir à Verdun mais c’était vraiment impossible puisque les tramways ne circulaient pas encore…
J’ai fini par retourner à la gare avec mon livre pour y attendre le train…
J’ai grignoté quelques friandises tout en lisant et le temps a passé quand même assez vite…
Finalement on a annoncé que le train de 19 heures entrait en gare…
J’ai récupéré mes paquets et me suis hâtée vers l’embarcadère…
Ouf! Quel soulagement…Je commençais à m’ennuyer de ma chère petite ville où il fait bon vivre…
Durant le trajet Gontran habitait mes pensées… Je le revoyais venir à mon secours hier et son visage aux yeux volontaires me hantait…
Le chauffeur m’attendait à la gare et je suis arrivée chez moi en un rien de temps…
Les rues étaient plus dégagées chez nous qu’à Montréal…
En passant la porte, mère m’attendait avec un petit sourire inquiet et pour la première fois depuis longtemps elle m’a serrée dans ses bras…
Ça m’a fait chaud au cœur car elle est plutôt froide surtout depuis que papa est décédé…
Il faut dire que mère est du genre snob et cache bien ses émotions sous une apparence froide…
Mais elle est comme ça et je m’y suis habituée avec le temps…
La cuisinière avait fait une tarte au citron avec meringue comme elle seule sait la faire et je n’ai pu résister à en bouffer un gros morceau avec un thé pour accompagner maman tout en lui relatant mon voyage…
Enfin ce j’ai bien voulu lui dire…
Après quoi je lui ai dit : Vous savez on ne dort pas tellement bien à l’hôtel alors je crois que je vais défaire mes bagages et aller au lit…
Je vous montrerai mes acquisitions demain si ça ne vous ennuie pas…
Je vous ai trouvé une robe de lainage et des souliers assortis qui vont faire votre bonheur…
Bonne nuit mère…
Bonne nuit ma chérie…
Encore une fois je suis surprise de son attitude en me demandant si elle n’est pas malade…

Le lendemain, en déjeunant, mère me dit qu’elle n’avait jamais vu une telle abondance de neige en octobre…
Je crois qu’elle va fondre car c’est déjà plus chaud aujourd’hui…
Heureusement car les feuilles n’ont pas fini de tomber dis-je…
Et mère avait raison, la neige a fondu durant les jours suivants…

La robe achetée pour elle lui faisait à ravir sans nécessiter des altérations et les souliers étaient parfaits…
Je lui ai dit que c’est moi qui la coifferais à la nouvelle mode cette année car sa femme de chambre était trop vieux jeu et ça la vieillissait…
Elle a semblé heureuse…

J’ai commencé à surveiller le facteur chaque matin pour finalement penser qu’il ne m’écrirait pas …
Alors, j’ai cessé d’espérer…
J’ai recommencé à pratiquer les pièces de piano apprises récemment en vue du party des fêtes…
Je me faisais toujours un plaisir d’accompagner celles et ceux qui voulaient bien chanter…
J’ai recommencé à recevoir mes amies et on allait parfois marcher au parc situé justement en face du Manoir que je regardais rêveuse en pensant au bal qui aurait lieu bientôt…
Les filles parlaient de la toilette qu’elles porteraient pour le bal…
Et toi Emma tu viendras?
Un garçon t’a-t-il invitée?
Non dis-je mais j’irai avec mère si elle veut bien m’accompagner cette année car elle sort de moins en moins…
Elle craint peut-être qu’un gentilhomme lui demande de danser avec lui?
Ce serait merveilleux dis-je car elle se laisse aller de plus en plus…
Je suis parfois inquiète…
En tout cas, j’irai quand même car il faut que nous dansions ces nouvelles danses que nous avons pratiquées…
Surtout au son d’un véritable orchestre…
Naturellement je n’ai pas confié mon aventure à mes amies car je voulais garder ça pour moi au plus profond de mon cœur…

Bon je dois rentrer maintenant, le souper doit mijoter sur le poêle de la cuisine et on va passer à table bientôt…
Salut les filles et à demain…
Je me dirige lentement vers la maison, en traversant les rails du chemin de fer ça me fait penser qu’il y a peu de temps j’étais dans le train vers une merveilleuse aventure…

Emma est-elle en train de s’abimer dans la tristesse?

C’est ce que vous saurez la semaine prochaine alors que je vous révélerai la suite de son gros secret…

Au revoir et à bientôt…

Votre amie…

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