Un besoin brûlant…
Nous étions devenues amies alors que nous
travaillions ensemble et elle me faisait souvent des
confidences sur sa vie privée…
Son mari étant malade et froid, elle avait souffert
d’un manque d’affection qui la rendait nerveuse…
Elle me disait souvent « J’ai besoin de sexe comme
toi tu as besoin de manger, c’est vital pour moi »
J’essaie de me satisfaire moi-même en prenant mon
bain mais je ne parviens pas à l’extase dit-elle…
Puis un jour elle est devenue souriante et enjouée,
elle m’a avoué qu’elle avait un amant qui la
comblait mais elle n’aurait pas voulu faire de la
peine à son mari qu’elle aimait énormément…
Comme tout se sait rapidement dans une petite ville,
elle allait garer sa voiture dans le stationnement
du Centre d’achats et prenait un taxi pour rejoindre
Paul au Motel, jamais le même pour écarter les
soupçons.
De cette façon, elle ne risquait pas que son auto
soit reconnue et pouvait se livrer à ses ébats
amoureux en toute quiétude.
Judith, me racontait ses aventures en riant de ses
belles dents blanches et on riait parfois de son
esprit d’invention pour satisfaire son partenaire.
Elle n’a jamais révélé son nom à qui que ce soit.
Un jour, elle me dit qu’après avoir bu plusieurs
coupes de vin, elle avait même enlevé ses dentiers
qui sont tombés dans le lit et qu’ils avaient fait
l’amour durant des heures, si bien qu’elle a dû
enlever les draps pour retrouver ses dents…
Mais rien à faire, elles n’y étaient pas…
Alors les voici à quatre pattes pour finalement les
trouver sous le lit…
Ils ont ri comme des fous et ont recommencé de plus
belle sur le tapis…
Paul aussi avait une femme rendue acariâtre par
l’arthrite rhumatoïde qui la faisait énormément
souffrir…
Il aurait voulu la quitter mais il demeurait avec
elle par devoir et ses rencontres fréquentes avec
Judith le faisaient patienter.
Et puis un jour, Judith le trouva étrange à son
arrivée au rendez-vous…
Il lui donna un écrin contenant une magnifique bague
en lui disant qu’il s’engageait à l’aimer pour la
vie mais aujourd’hui je ne peux rester dit-il car
j’ai tellement mal à la tête que je ne pourrais pas
te satisfaire…
Il lui donna quelques billets pour le taxi et s’en
alla à la maison…
Dès son arrivée il prit quelques cachets et
s’étendit sur le divan…
Sa femme, qui ne le reconnaissait pas lui dit
d’aller à l’urgence vu que le mal persistait et que
sa figure était rouge…
Il n’était jamais malade…
Pendant ce temps Judith attendait de ses nouvelles
avec impatience.
Il s’écoula 24 heures sans que le téléphone sonne…
Puis une deuxième journée, elle n’en pouvait plus et
n’osait pas lui téléphoner au travail de peur de lui
nuire…
Puis, après une longue attente, elle vit sa photo et
son nom dans la rubrique nécrologique du journal…
On demandait de ne pas envoyer de fleurs mais de
faire un don à la « Fondation pour les maladies du
cœur »
Il était beau comme un dieu avec ses cheveux
ondulés…
Les funérailles eurent lieu sans qu’elle puisse y
assister…
Elle a toujours mis sa bague en disant à son mari
que c’était un zircon qu’elle avait eu le caprice de
s’acheter…
Nous avons continué de nous parler fréquemment mais
elle avait changé, son esprit était ailleurs…
Peu de temps après le décès de son mari, elle a pris
sa retraite et a commencé à perdre la mémoire…
Elle a été placée dans une institution spécialisée
pour soigner la maladie
« D’Alzheimer »
Elle est docile, et ne se fâche que si on veut lui
retirer sa bague…
Elle a été heureuse avec Paul durant 18 ans.
Je l’ai visitée quelques fois, mais elle ne me
reconnaît plus…
Je prie pour elle qui s’est renfermée dans sa bulle…
Votre amie qui vous dit à la prochaine…
Serez-vous là?
Votre Amie
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