Amour, Amour, quand tu nous tiens ! 2ème et dernière partie

Dans l’ascenseur elle me dit le montant du chèque, offert pour se débarrasser d’elle, et qui devait permettre au fils de sortir de cette situation.
Elle réalise maintenant que le père doit être habitué à sortir son fils du pétrin dans lequel il se met, et que c’est devenu chose courante.
Elle comprend qu’il a dû en faire souvent des chèques de $5,000.00 dollars.

Mais elle a décidé de garder le bébé.
Elle a aussi décidé de rompre avec Sylvain.
Mais il allait l’attendre à la sortie du travail.
Mon mari a même dû s’y rendre lui-même pour la protéger.
Elle refusait toujours de le voir et sortait parfois par la porte arrière pour éviter de le rencontrer.
Il la poursuivait sans relâche.

Elle a quitté son emploi et se terrait chez sa mère sans
mettre le nez dehors.
Un jour il est venu chez moi.
Mon mari qui était en congé, était près de moi.
Il voulait nous convaincre d’intercéder en sa faveur.
Je ne sais trop pourquoi, je lui ai dit que je n’avais aucune nouvelle d’elle depuis son départ pour la campagne, où elle était allée pour se rétablir de l’avortement subi.
Mon mari m’observait, se demandant bien ce qui m’avait fait inventer cette histoire, mais je l’ai regardé d’un air
Suppliant, et il a compris que c’était pour accorder à la pauvre Ariane le répit dont elle avait besoin.

Elle ne répondait plus au téléphone, et nous disions ignorer où elle s’était réfugiée.
Pendant ce temps, on achetait de la lingerie pour le petit être qui devait naître, que nous aimions déjà.
On attendait la tombée de la nuit pour aller lui porter nos paquets.
Ce petit manège a duré quelques mois, puis elle est allée demeurer
à la campagne chez une vieille tante célibataire qui l’a accueillie à bras ouverts.
Sa petite fille est née un jour de printemps.
Elle était blonde et avait le teint rose comme une fleur.
Ariane venait de trouver le nom qui lui convenait à merveille :
« Rose » !

Quelques semaines après la naissance, elle a repris le travail et faisait des heures supplémentaires pour payer la garde de Rose.
Elle lui avait trouvé une pension tenue par une infirmière
spécialisée dans la garde de jeunes bébés de moins d’un an.
Elle lui rendait visite à l’autre bout de la ville et revenait fourbue,
mais heureuse après avoir fait un trajet de 2 heures en autobus.
Il n’y avait pas de métro à cette époque à Montréal.

Un soir, elle me téléphone d’une cabine téléphonique.
Il pleut averse et sa voix grelottante implore de l’aide.
La petite est dans le taxi qui l’attend pendant qu’elle me parle.
Elle vient d’appeler sa mère qui lui a refusé son aide.
Elle me supplie de l’accueillir avec sa fille pour la nuit en attendant qu’elle trouve une solution.
Elle pleure. Elle me dit qu’elle a dû retirer la petite de la pension à cause de mauvais soins.
Sans hésiter je lui réponds : « Viens-t-en vite, on vous attend
toutes les deux»
Mon mari travaille mais je sais qu’il sera d’accord.

Je suis nerveuse et je fais les cents pas, me demandant où mettre la bassinette pour que la petite puisse dormir au calme.
On sonne à la porte. Le chauffeur de taxi l’accompagne portant le petit lit qu’il avait replié pour le transport.
Elle dit : « As-tu trois dollars à me prêter ? »
La course a été plus dispendieuse que prévue.
Je vérifie et n’ai que deux dollars mais je vais chercher le reste dans mon « Cochon », ma tirelire qui contient une petite réserve
pour les imprévus.
Le chauffeur nous donne un coup de main pour remonter le petit lit, puis s’en va en nous souhaitant bonne chance.
Il est 22 heures.
Ariane pleure encore tandis qu’elle enlève le petit chapeau
qui couvre la tête de Rose.
La pauvre petite !
Elle a d’affreuses cloques d’eau sur le crâne.
Ariane désinfecte ses plaies à l’aide des médicaments que j’ai à la maison.
Une fois Rose installée confortablement, elle me raconte que l’infirmière a dû intervertir les lits des bébés par distraction, et c’est ce qui aurait infecté la petite.
Ariane se demande ce qu’elle va faire car elle doit travailler le lendemain.
Je lui offre de la garder durant une semaine pour lui permettre de trouver la solution idéale.
De toute façon, je suis enceinte de 4 mois et ça m’initiera aux
soins que réclame un bébé, dans le fond tu me rends service dis-je !

Quelle surprise quand mon mari arrive du travail vers minuit et demie !!!
Mais c’est un homme de cœur. Il m’approuve et tout est réglé.
Rose avait 8 mois et occupait ma journée de façon charmante.
Son gazouillis me ravissait et je m’attachais à ce petit bouton de Rose adorable.
Je l’ai gardée environ 4 mois. Elle a fait ses premiers pas avec moi.
Mais ma grossesse devenait de plus en plus lourde, et j’ai dû prendre la décision de me séparer d’elle.
J’en ai éprouvé beaucoup de chagrin mais je pouvais la voir régulièrement puisqu’une voisine qui m’aidait depuis son arrivée,
avait accepté de la prendre chez elle.

La mère d’Ariane refusait toujours de voir sa petite-fille.
Quel scandale ! Un bébé né hors mariage !
Puis un jour, Ariane a fini par épouser un ami d’enfance qui avait toujours été amoureux fou d’elle.
Il a adopté officiellement la petite Rose, et le cauchemar a pris fin.
Ils ont eu plusieurs autres enfants sans que cet homme généreux ne fasse aucune distinction entre les enfants.
Si bien que Rose s’est épanouie au milieu d’une famille heureuse.
Et comme je crois à la loi du retour, j’espère que ceux qui lui ont fait tant de mal ont eu à rendre des comptes devant l’Éternel.

Je vous dis à bientôt,
et merci d’être fidèle au rendez-vous …

Je vous aime …


page* 1 * 2 *