Trésors cachés… 5ème et dernière partie
Les lettres arrivent assez régulièrement et la
famille finit par s’habituer à l’absence de Bernard…
Julie est plus mature que les jeunes filles son âge
avec son lourd secret…
Elle étudie pour devenir infirmière…
Elle aurait préféré être médecin mais c’est une
chose impensable pour une fille en 1930…
Il lui arrive souvent de penser à Bernard ainsi
qu’aux évènements…
Elle voudrait savoir ce qu’il est devenu mais ses
parents n’abordent jamais le sujet, donc
interdiction d’en parler…
Même si un jour il a écrit à sa mère en joignant une
photo de lui posé en uniforme, qu’elle a montré à
toute la famille sans divulguer le contenu de la
lettre…
Elle a seulement placé la photo près de la statue de
la Vierge Marie comme pour le protéger…
Jimmy est maintenant à l’Université de Montréal…
Lui aussi a muri prématurément et est souvent
songeur malgré ses 23 ans…
Il étudie en psychiatrie …
Bernard ne raconte pas tout dans ses lettres mais il
a beaucoup de difficulté à l’entrainement…
Les instructeurs sont très durs envers les gars et
beaucoup démissionnent…
Il se couche épuisé tous les soirs mais il dort sur
ses deux oreilles sans problème…
Il prend des cours d’anglais puisque tout se déroule
en anglais à cette époque et il aura plus de chances
de monter en grade plus tard…
Quand vient le congé des fêtes il va dans sa famille
et assiste aux festivités traditionnelles avec joie…
Après la Messe de Minuit il y a le réveillon en
famille et il retrouve les joies de l’amour des
siens…
C’est toujours le même rituel chaque année…
En cette 5e année depuis son départ de la maison il
veut que ce soit différent en faisant une surprise à
toute l’assistance…
Avant la remise des cadeaux il demande à être le
premier à offrir le sien qu’il a pour toute la
famille…
Assez inhabituel dit le père d’une voix renfrognée
mais comme tu es l’aîné je t’accorde ce privilège…
Voici dit Bernard, un seul cadeau surprise pour
toute la famille…
Il tend une grande enveloppe à son père…
Quelle surprise c’est un certificat d’honneur qui a
été décerné au caporal Bernard X pour avoir sauvé,
au péril de sa vie, un camarade d’une mort certaine
lors d’un accident survenu pendant une mission
d’aide à l’étranger…
Le père est très ému et dit en lui tendant une
solide poignée de main…
Bravo mon gars, je vais l’encadrer et l’afficher
dans mon bureau car c’est tout un honneur…
Tout le monde est heureux…
Bernard est fier de lui pour la première fois depuis
bien longtemps…
Chaque année, pendant ce congé des fêtes il va faire
une balade en regardant les étoiles…
Il se promène ainsi le soir pour éviter de
rencontrer la famille des amis de ses parents…
Il remporte avec lui des images dans sa mémoire qui
l’aident à tenir le coup…
Mais ce soir de la veille du Jour de l’An il fait un
froid sibérien de sorte qu’il rebrousse chemin par
un raccourci…
Il voit la fumée sortir des cheminées puisque les
gens chauffent plus fort à cause du froid glacial…
Soudain il voit une lueur rouge qui laisse
soupçonner qu’une maison est en feu…
Il réalise que c’est la maison du notaire ami de ses
parents…
Il court à toute jambe pour aider ces gens…
Il sonne à la porte en hurlant « Au feu »…
Aucune réponse…
À sa grande surprise la porte n’est pas barrée…
Il crie encore: Au Feu en grimpant les marches de
l’escalier quatre à quatre…
Personne ne répond…
Affolé, il saisit 2 petits enfants, redescend les
déposer dans la neige pendant que les voisins
arrivent à la rescousse et les prennent en charge…
Il remonte en criant toujours sans plus de réponse…
L’enfant suivant est plus lourd il doit le porter
sur ses épaules, redescend l’escalier, retourne
aussitôt vers l’autre chambre…
Un autre plus lourd cette fois…
Il entend les sirènes des pompiers au loin…
Personne n’aurait pu faire autant de voyages en
portant un corps inanimé sans être entraîné comme il
l’est…
Il fait encore un autre voyage en portant un enfant
en espérant que ce soit le dernier…
À bout de souffle, il retourne car il n’a pas
vérifié une autre chambre…il y a quelqu’un de plus
léger qui reprend conscience en toussant, incapable
de parler…
Il n’y a plus personne dit-il à l’arrivée des
pompiers…
Une jeune fille compte les enfants et dit qu’il
manque Lison au 2e étage, première porte à droite…
Il enroule son foulard autour de sa bouche et cache
aussi son nez puis il grimpe en toussant, appelle la
petite qui pleure mais il ne la trouve pas car la
fumée est si dense qu’il ne voit rien et ses yeux
brulent…
Il trébuche contre le lit, tombe au sol et voit la
petite sous le lit…
Il l’appelle, elle se précipite dans ses bras en le
serrant par le cou…
Il est en train de suffoquer…Il ne peut plus
redescendre, le feu a gagé du terrain…
Seule la fenêtre peut les sauver…
Il fracasse la vitre d’un coup de pied en criant «
Attrapez la »…
Les gens s’en occupent
La petite crie en tombant: Minou viens avec moi…
Il fait de plus en plus chaud, les murs menacent de
s’effondrer d’une minute à l’autre le feu attaque
ses vêtements, il attrape le chat et saute avec lui
dans la neige où il se roule pour éteindre le feu…
Le toit s’écroule dans un craquement sinistre…
Les pompiers ont bien tenté de sauver la maison sans
succès…
Il n’y avait pas assez d’ambulances ni d’oxygène
alors il a fallu mettre 2 patients par ambulance et
passer l’oxygène à tour de rôle jusqu’à l’arrivée à
l’hôpital de la ville voisine où tout le monde a été
pris en charge…
Le chat a été recueilli chez une voisine…
Bernard demande en toussant où sont leurs parents?
Ils sont en route vers l’hôpital …
Heureusement que vous étiez dans les parages sinon
ils seraient tous morts dit l’ambulancier…
Bernard tousse…
On lui redonne de l’oxygène…
Quand il reprend de nouveau conscience il est
installé dans un lit d’hôpital, avec les mains
bandées on lui a fait une toilette sommaire…
En ouvrant les yeux, il voit ses parents qui
pleurent…
Il sourit faiblement en disant : Sont-ils tous
sauvés?
Oui dit son père grâce à toi…
Mais où étaient donc leurs parents?
À une réception chez des amis qui célébraient les
fiançailles de leur fille mais les enfants étaient
sous la garde des plus vieux…
Ils avaient mis du bois dans le foyer avant d’aller
se coucher…
M. le Juge n’est plus qu’un père qui regarde avec
tendresse son fils devenu un héro à ses yeux…
La maman aussi émue l’embrasse très fort en lui
disant combien elle a eu peur…
Quand il se retrouve seul avec lui, Simon dit : Tu
as payé ta dette envers la société, tu peux
démissionner de l’armée…
Pas question dit Bernard, j’y ai pris goût et je
vais y faire carrière comme prévu mais avec le cœur
léger…
Comme tu veux…Tu es maintenant un homme libre…
Bon, déjà 4 heures du matin, tu dois te reposer…
Nous reviendrons demain dit Simon…
Sa maman l’embrasse en faisant attention à ses
blessures…
Dès qu’il est seul, il s’endort profondément…
Simon et Lucille partent à la recherche de Robert et
Monique pour leur dire qu’ils coucheront chez eux…
Lucille a téléphoné à la maison pour demander aux
domestiques de préparer la chambre d’amis…
Et quand les enfants sortiront de l’hôpital ils
seront tous accueillis à la maison aussi longtemps
qu’il le faudra afin que toute la famille soit
réunie…
Allez, on va dormir pendant que nos malades se
remettent de leurs émotions…
Le petit déjeuner arrive tôt, servi par une jolie
préposée souriante qui disparait très vite, pressée
par le travail…
On ne lui permet pas de se lever avant l’après midi
mais quand arrive les visiteurs il est assis dans un
fauteuil…
Sa mère lui a apporté une brosse à dents, un peigne
et le nécessaire pour couper le roussi de ses beaux
cheveux…
Robert et Monique arrivent à leur tour et le serrent
dans leurs bras en le remerciant chaleureusement…
On lui donne son congé deux jours plus tard…
Puis, à la sortie des enfants, ils viennent
s’installer chez M. le Juge…
Les femmes se partagent les tâches pour faire à
manger et les domestiques s’occupent avec dévouement
de l’entretien de l’immense domaine…
Puis les journalistes sont venus à maintes reprises
à la porte de la demeure pour tenter d’avoir un
scoop…
Sans succès…
On répondait que le jeune homme était retourné dans
sa famille dès sa sortie de l’hôpital…
Et pour les victimes, elles seront logées chez M. le
Juge jusqu’à la reconstruction de leur maison…
Après la fête des Rois, Bernard doit rejoindre son
régiment…
Avant son départ Simon lui remet une boite contenant
le pistolet
qui a été sauvé des flammes puisqu’il était dans le
coffre fort…
Il est intact et pourra peut-être être exposé dans
le musée de l’armée…
Puis, ils partent en voiture vers la gare car la
tempête est si violente que la visibilité est
pratiquement nulle…
Tout en roulant prudemment, Simon dit : Fiston, j’ai
toujours voulu te poser une question concernant les
fâcheux évènements mais je n’osais pas car je savais
que tu étais perturbé et je ne voulais pas aggraver
ton état de nervosité…
Vas-y papa, je suis maintenant en mesure de te
répondre…
Dis-moi, aurais-tu vraiment frappé Monique avec ton
couteau?
Je crois que oui car j’avais bu et je voulais que ma
copine se fasse avorter, j’étais prêt à tout…
Mon Dieu! Sais-tu que j’ai fait enquête sur cette
femme sans scrupule?
Elle a fait le coup à 3 autres hommes et quand elle
avait l’argent en main elle déménageait dans une
autre ville…
Et elle n’a jamais été enceinte de qui que ce soit…
Quel imbécile j’ai été dit Bernard…
Tout ça est du passé, pense maintenant à l’avenir
mon grand…
Avant d’embarquer, Simon prend son fils dans ses
bras dans un solide étreinte…
Chose rare à l’époque…
Dans le train, Bernard regarde défiler le paysage en
songeant à tous les évènements qui se sont déroulés
puis il s’endort jusqu’à destination…
Pendant ce temps, Julie pense avec nostalgie au beau
coffre de cèdre qui a brûlé avec les photos
irremplaçables et tous les souvenirs disparus à tout
jamais…
Seuls les objets contenus dans le coffre fort ont
résisté aux flammes…
En plus du pistolet que Bernard a emporté avec lui,
des documents important ont échappé aux flammes…
Elle va graduer cette année et elle se dit qu’il est
temps d’oublier ce cauchemar et de penser à se
construire un avenir…
Enfin je pense que maman savait ce qu’elle faisait
quand elle a mis la photo de Bernard près de la
Vierge se dit-elle…
Quelques années plus tard, Simon est décédé et ma
famille n’a plus eu de nouvelles de tous ces gens…
J’avoue que j’aurais aimé en savoir plus sur la
carrière de Bernard…
Il n’est sans doute plus de ce monde mais si
quelqu’un de sa famille reconnait ces faits,
veuillez communiquer avec moi pour m’en donner des
nouvelles par courriel à
gaby32@cgocable.ca …
Merci de m’avoir lue jusqu’au bout…
J’apprécie vos nombreux commentaires…
Je vous souhaite à tous de passer une bonne année
2019 et que Dieu vous protège…
Votre amie qui vous reviendra bientôt avec de
nouveaux souvenirs…
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