Cousin / Cousine…1ère partie
Angélique, la mère de Bertrand s’est mariée très jeune à un gentilhomme du nom d’Albert…
Ils eurent 2 garçons et filaient le parfait bonheur jusqu’au jour où
Albert tomba gravement malade et mourut de la tuberculose laissant Angéline veuve à l’âge de 28 ans avec 2 jeunes enfants à faire vivre.
Puis, il y eut le petit Gérald qui mourut à l’âge de 3 ans…
Toutes ces épreuves ont muri Angeline qui, même si elle avait perçu de grosses assurances lors du décès d’Albert, décida d’aller travailler à l’usine…
Elle plaça Bertrand au collège comme pensionnaire…
Puis, après ses études primaires elle l’envoya au séminaire espérant qu’il deviendrait prêtre…
Bertrand demeurait au séminaire jusqu’aux vacances des fêtes alors qu’il revenait vers sa mère et participait aux différents soupers gastronomiques de cette époque…

Comme Angéline lui avait acheté un piano tout neuf pour Noël, après le repas on lui demandait de jouer du piano et il s’exécutait avec plaisir puisqu’il étudiait l’orgue et le piano au séminaire…
Son oncle jouait du violon avec beaucoup d’entrain…
Gisèle, sa timide cousine était aussi demandée pour chanter les chansons à la mode du jour…
Les mamans surveillaient de près ce qui se passait entre les cousins et cousines afin d’éviter qu’ils ne deviennent amoureux, ce qui était interdit par l’église…
Plusieurs chantaient des chansons à répondre ou racontaient des histoires parfois un peu grivoises…
Tous s’amusaient ferme à danser, chanter et prendre un verre jusqu’aux petites heures du matin…
Avant leur départ, l’hôtesse servait un café bien fort pour éviter un accident à tous ceux qui avaient abusé de la dive bouteille… Parfois le retour se passait dans la tempête mais tous étaient prudents et arrivaient à bon port…
Les soupers se succédaient d’une famille à l’autre jusqu’à la fête des Rois où il fallait élire un Roi et une Reine…
Pour mettre du piquant dans le jeu, l’hôtesse avait caché un pois et une fève dans le gâteau…
Elle savait bien, la coquine, à qui donner les 2 morceaux du gâteau
pour que tous aient du plaisir…
Après toutes ces réunions, c’était le retour au séminaire pour Bertrand qui aspirait toujours à devenir prêtre…
Gisèle quand à elle était pensionnaire au couvent mais faisait le cours commercial où elle apprit l’anglais en vue de devenir secrétaire…
Les autres retournaient soit à l’école ou au travail en attendant les vacances d’été…
Les années ont vite passé…
Bertrand a décidé de ne pas entrer en religion et a opté pour les forces armées de l’aviation…
Les autre ont fait leur choix et ont fait de belles carrières dans d’autres domaines…
Gisèle s’est mariée et est déménagée à Montréal…
Ils se sont donc tous perdus de vue durant de longues années…
Puis, près de 40 ans plus tard, alors que Gisèle travaille pour une compagnie d’assurance automobile au service à la clientèle, un client lui téléphone pour obtenir des informations sur son contrat…
Après avoir sorti son dossier, elle reconnait le nom de Bertrand…
Elle lui donne toutes les informations et vérifie son adresse et lui dit d’une voix mielleuse :
Monsieur Bertrand X vous ne demeurez donc plus à Drummondville?
Surpris, il dit non depuis longtemps vous n’aviez donc pas ma nouvelle adresse?
Gisèle éclate de rire et c’est ainsi qu’ils renouent et décident d’aller souper ensemble dans un chic restaurant en fin de semaine…
Bertrand va la chercher vers 19 heures…
Ils causent beaucoup en route vers le restaurant où Bertrand a réservé…
Gisèle est surprise de le voir se stationner dans un endroit réservé aux handicapés mais il pose une carte sur le pare-brise qui l’autorise à occuper cette place…
Il sourit de son étonnement en disant :
Tu sais, quand j’étais au service de l’aviation, j’ai dû abandonner le service car j’avais trop d’arthrite à cause des gros froids du nord du Canada…
Il faisait parfois -45°c
C’est pourquoi tu vois une cane sur le siège arrière en cas de crise importante…
Allons souper et oublions tout ça dit-il…
Bertrand semblait être bien connu du Maître d’hôtel qui l’a appelé par son nom dès leur arrivée…
Ils ont mangé, bu du bon vin et jasé du passé un bon moment mais quand l’orchestre a commencé à jouer un air de dance Bertrand s’est levé pour inviter Gisèle à danser un slow sur un air retro…
Revenus à table, ils ont continué à jaser et rires des mots d’esprit de Bertrand qui avait un sens de l’humour assez épicé…
Dis-moi, est-ce que tu chantes encore?
Je dirais plutôt que je déchante depuis longtemps mais je te raconterai tout ça une autre fois…
Vers 11 heures, ils sont repartis en se promettant bien de se revoir de temps en temps…
Quelques mois plus tard, Gisèle a pris sa retraite et est retournée vivre dans sa ville d’origine…
Avant de partir elle a téléphoné à Bertrand pour l’en informer…
Celui-ci en fut attristé car tous ses amis sont décédés et comme il ne s’est jamais marié
il n’a pas femme…
Mais ils se promettent de s’écrire ou de garder le contact…
Après être déménagée et s’être installée confortablement, Gisèle renoue avec d’anciennes connaissances et s’implique dans le bénévolat auprès de différents organismes…
Elle va parfois à des parties de cartes et revient chez elle vers 21 hres…
Un soir, elle répond au téléphone et a la surprise d’entendre la voix de Bertrand…
Que deviens-tu?
Gisèle enlève son manteau tout en lui parlant…
Justement je voulais t’inviter à venir passer la fin de semaine car j’ai rencontré le curé de ma paroisse qui a été au séminaire avec toi et il dit qu’il te demandera de toucher l’orgue lors de la grand’messe du dimanche de ton choix…
Tu verras en même temps mon appartement qui a une chambre d’invité et tu seras comme chez-toi…
Merci, mais ton invitation vient trop tard car je n’ai plus de permis de conduire…
À mon âge, il est très difficile de conserver son permis de conduire et je comprends, mais c’est encore un deuil à faire…
Tu sais, je suis plus vieux que toi et ma santé est chancelante, alors je dois faire attention à ma colonne vertébrale…
Si tu voyais comme j’ai vieilli depuis notre rencontre, je marche avec 2 cannes maintenant et je suis courbé comme un petit vieux…
Il ne me reste plus que la TV et le téléphone comme distraction…
Si tu as l’occasion de venir à Montréal viens souper chez moi je ferai venir des mets chinois et j’ai des choses importantes à te dire…
En attendant, j’ai pris un forfait spécial avec Bell Canada et je peux te téléphoner le soir sans frais, si tu permets je te téléphonerai de temps en temps…
D’accord, à bientôt dit-elle…
Gisèle pourra-t-elle passer beaucoup de temps au téléphone à converser avec Bertrand qui souffre de solitude?
C’est ce que vous saurez en venant me lire lors du prochain envoi de Papy16…
Je vous réserve encore des surprises…
Votre amie qui vous fait la bise…
Votre Amie